Raison et sentiments by Austen

Raison et sentiments by Austen

Auteur:Austen
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Archipoche
Publié: 2012-05-02T04:00:00+00:00


33

Elinor trouva bientôt l’occasion de répéter cette conversation à sa sœur ; mais l’effet fut très différent de ce qu’elle avait imaginé.

Marianne n’eut pas l’air d’avoir un seul doute ; elle écouta le récit avec la plus ferme et la plus soumise attention, sans dire aucune remarque, aucune objection, sans interrompre cette narration par la moindre exclamation douloureuse. Elle n’essaya point de justifier Willoughby ; elle versait des larmes, et semblait convenir par son silence qu’elle sentait que c’était impossible. Toute sa conduite prouva à Elinor que la conviction de cette perfidie avait frappé son esprit, mais sans guérir son cœur. Elle vit aussi avec satisfaction qu’elle ne cherchait plus à éviter le colonel Brandon. Quand il entrait dans le salon, elle ne sortait plus ; si elle ne lui parlait pas la première, elle lui répondait avec beaucoup de politesse et même avec une sorte de respect, et ne se permettait plus un seul mot contre lui.

En tout, elle était plus calme, plus résignée en apparence ; mais elle n’en paraissait pas moins malheureuse. Son esprit, plus équilibré, était aussi mélancolique. Marianne était plongée dans un profond abattement. Elle sentait davantage la perte de ses illusions sur le caractère de Willoughby qu’elle n’avait senti celle de son amour. La séduction de Mlle Williams ; l’abandon qui en avait été la suite ; la misère de cette pauvre jeune fille, qui contrastait si fort avec la gaieté brillante de son séducteur ; un doute sur les desseins qu’il pouvait avoir eus sur elle-même, lorsqu’il feignait si bien un amour qu’il n’avait peut-être pas : tout cela l’oppressait au point de ne pouvoir plus même en parler avec Elinor ; et, nourrissant en silence le chagrin qui la dévorait, elle causait plus de peine à sa sœur que si elle le lui avait confié du matin au soir.

Dire ce que furent les sentiments de Mme Dashwood et la manière dont elle les exprima en recevant la lettre d’Elinor et en y répondant, ne serait qu’une répétition de tout ce que ses filles avaient déjà senti et dit.

Sa douleur égalait presque celle de Marianne, et son indignation surpassait celle d’Elinor. Des pages entières arrivaient tous les jours, pour dire et redire toutes ses pensées, tous ses sentiments, pour exprimer sa sollicitude à l’égard de sa chère Marianne, pour la supplier d’avoir un courage dont elle ne lui donnait pas l’exemple, et pour la recommander à Elinor.

Malgré son désir de les revoir toutes les deux, elle insistait pour qu’elles ne reviennent pas encore à Barton ; ce lieu, plus que tout autre, rappellerait à la pauvre Marianne son bonheur passé, et nourrirait son amour et son affliction : « En tout lieu », elle verrait en imagination Willoughby comme elle l’avait vu, tendre, empressé, uniquement occupé d’elle et des moyens de lui plaire… et l’imprudente mère ne songeait pas qu’en présentant elle-même ce tableau à Marianne elle lui faisait tout le mal qu’elle voulait éviter. Elinor vit avec chagrin que chaque lettre de



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.